À mon avis, le début de la fin, c'est quand nous prenons le monde pour acquis, quand nous cessons d'espérer, d'observer et de voir ce qui nous entoure avec les yeux de notre jeunesse. Le début de la fin commence lorsque nous prenons pour acquis le soleil levant et qu'il se couche, irradiant nos vies d'une lumière crépusculaire. Lorsque nous prenons pour acquis les étoiles, et l'immensité qu'elles portent lorsque nous les admirons par une nuit d'été, avec un ciel clair, l'air purifié par la grisaille.
Quand nous prenons pour acquis le sourire d'un ami, d'un étranger, d'une mère.
Nous mourons, un peu à la fois, lorsque nous oublions que le vent dans notre visage nous libère, que l'horizon vu du haut d'une montagne nous remplit le cœur, qu'une simple marguerite sent bon. Nous cessons de vivre, un peu, lorsqu'il nous semble normal de boire du jus d'orange au petit déjeuner, de goûter du miel sur du pain grillé avec du beurre fondu.
Quand l'odeur des tamaris pendant un orage nous laisse indifférents.
Notre âme s'en va, lentement, quand nous ne trouvons plus de plaisir à écouter ceux qui ont besoin de parler, de raconter leurs joies ou leurs malheurs. Lorsque nous cessons de faire des rêves, de voir la vie sous l'angle merveilleux et stupéfiant où elle se révèle à nous.
C'est, je crois, le début de la fin.